A Rosa Azul de Novalis
Marcello, qui occupe l’image d’un bout à l’autre, évoque pêle-mêle : sa passion pour le café, sa séropositivité, ses migraines chroniques, son père homophobe, ses fantasmes où le même père visionne ses ébats avec des amants de passage, l’ardeur de ces amants, sa grand-mère catholique ou son frère incestueux. Ici il se prend pour Gengis Kahn, Novalis ou une courtisane française ; là il évoque Bataille ou ce Saint dont il a oublié le nom et qui, sur l’échafaud, aurait nargué son bourreau d’un trait d’humour inouï. Parmi tout le monologue que Marcello livre à la caméra, c’est peut-être cette histoire-là, celle du Saint qui répond à la douleur par l’humour et la vivacité d’esprit, qui contient la part la plus sincère d’autoportrait. L’exercice de la confession, à la fois masochiste et sadique, et qui a aujourd’hui tellement envahi nos images, Gustavo Vinagre et Rodrigo Carneiro le reprennent, avec Marcello Diorio, là où l’avait laissé Shirley Clarke avec son Portrait of Jason. C’est-à-dire en considérant de front sa nature théâtrale, et en riant, du même rire que le Saint face au bourreau, de l’impasse d’un cinéma vérité qui croit pouvoir aller tout au fond des choses exposées à son regard. La provocation, le goût raffiné du blasphème, sont ici moins un moyen de se détourner des exigences de la confession, que celui d’en faire un spectacle baroque, brutalement trivial et tout aussi sacré, arrimé à cette formule de Marcello qui vaut comme morale : « Je suis inutile, comme tout ce qui est important. »
Jérôme Momcilovic
Rodrigo Carneiro (Carneiro Verde Filmes)
Bruno Risas
Rubem Valdés
Rodrigo Carneiro
Rodrigo Carneiro (Carneiro Verde Filmes), rodrigocarneirocine@gmail.com