AIRES
Matière et mouvement – ces fragments filmés en Asie fascinent par le réseau qu’ils tissent en même tant que par leur pureté intrinsèque, ciselée en étude de détail. On croit reconnaître l’Inde ici et là , mais jamais l’insolite ne tourne à la notation exotique. De la tranchée sablonneuse qu’un homme tasse d’un pas-chassé expert à la frondaison qui se reflète dans le minuscule miroir ornant le costume d’une femme, de la patte d’un poulet dépassant d’une étuve au choc rythmique du linge battu sur la pierre, chaque geste semble recueilli dans son étrangeté en même dans que dans la perfection familière que lui imprime une main ou un outil. A la manière d’un Francis Ponge, François Daireaux, par la précision de ses coupes franches et de ses fondus au noir, sculpte dans le réel, polit les objets, les mouvements, les formes, les éléments, et finit par décaper le regard. Des poussins picorent sur un lit, une pluie diluvienne transforme un hangar en tableau abstrait. Sans cesse, l’œil est aux aguets, occupé à identifier des actions ou des lieux qu’un coup de zoom arrière vient redéfinir. Image récurrente, des foyers allumés dans le sol et recouverts de couvercles (sont-ce des fours de potier ?) s’offrent en métaphore des fragments filmiques eux-mêmes : petits touts vivaces, mystérieux, hypnotiques. (Charlotte Garson)
François Daireaux, Khiasma
Khiasma
François Daireaux
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