Al Haffar
Depuis vingt ans, Sultan Zeib Khan veille sur les ruines néolithiques de la nécropole du désert de Sharjah, aux Émirats arabes unis. Majestueux, les plans larges n’ont pas de vocation monumentale : la beauté et l’étendue du site parlent d’elles-mêmes. Se joue plutôt ici la possibilité pour un seul homme de s’inscrire dans un paysage qui le dépasse tout en semblant nécessiter son aide. Aperçu tantôt sous la silhouette d’une roche sur le point de le dévorer, tantôt marchant du fond du champ, nanifié, une pelle à la main, Sultan a ceci de particulier qu’il s’affaire quotidiennement pour éviter que des ruines… ne tombent en ruines. Les mots de la célèbre scène des fossoyeurs d’Hamlet reviennent en mémoire : « Ce drôle-là n’a point de sentiment, de chanter pendant qu’il creuse ! » Mais les dépouilles, ici, sont depuis longtemps devenues des artefacts archéologiques : les extérieurs d’une grande luminosité alternent avec des plans tournés dans un musée où les ossements sont ordonnés et disposés pour l’œil du visiteur. L’alternance de jour et de nuit mais aussi le travail sonore qui fait entendre les chants de l’homme et les sons de son transistor, suggèrent que même la plus grande des solitudes peut se laisser habiter. Elle souligne surtout le paradoxe de ces tombes vides, où la mort est redoublée par l’absence des reliques. (Charlotte Garson)
Ali Cherri; Sharjah Art Foundation
Suzana Pedro
Mikael Barre
Bassem Fayad
Ali Cherri