Alguna Tristeza
En 1936, aux Jeux Olympiques de Berlin, l’équipe de football du Pérou bat l’Autriche et se qualifie pour la demi-finale. Des noirs et des métis l’emportent sur des footballeurs aryens. Une victoire inacceptable pour le IIIème Reich comme pour le Comité Olympique, qui annule le match. Sur les images de l’événement, le cinéaste repère une même expression, mélange indéfinissable de rage rentrée, de tristesse et de peur, où il décèle l’âme du Pérou : « Un pays pauvre est comme un mineur qui renonce à ses droits par peur d’être puni. » Pourquoi cette éternelle tristesse sur les visages, ce fatalisme ? Il cherche une réponse dans le portrait de trois hommes : un ami indien, son père et un gringo. L’Indien semble toujours sourire, mais son sourire n’exprime aucune satisfaction, il n’est que le reflet de l’acceptation de son sort, de la nostalgie d’un monde sans Dieu, sans drapeau ni chef, le monde de la forêt. Son père est à l’image du Pérou, un homme épris de justice, attaché à défendre la dignité de la personne, mais désabusé et amer. Le gringo le guide vers d’autres territoires, mais il reste fermé aux questions de son ami. De tous ces détours, de tous ces souvenirs, émergent pourtant des images cohérentes du Pérou : un nom gravé à la main sur un mur de Machu Picchu, un enfant courant après le plus haut train du monde, des chiens errants au regard triste, une barque de pêcheurs au milieu d’un lac… les images d’une histoire confisquée, d’un pays abandonné à son sort par le reste du monde, comme un animal laissé sur la route, d’une nation secouée au gré des turbulences du monde, survivant au jour le jour, et que plus personne ne gouverne. (Yann Lardeau)
Juan Alejandro Ramirez
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Julian Ramirez-Bierring
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