AMAL’S GARDEN
« Avant, ici, il n’y avait que le drapeau irakien… ». A Kirkouk, au nord de l’Irak, les drapeaux kurde, turc et irakien flottent conjointement, près de dix ans après la chute du régime de Saddam Hussein. Cette coexistence possible, la réalisatrice d’Amal’s Garden l’aborde de biais, avec une infinie tendresse, en filmant seulement l’intime : les menus détails de la vie de son oncle octogénaire Mustafa et de sa tante moins âgée Amal, qui prend soin de lui en dirigeant la dernière phase des travaux de reconstruction de leur maison, très abîmée pendant la guerre. Présence à la fois familière et discrète, Nadia Shihab saisit à merveille l’absurdité de ce quotidien, le tempérament pugnace et doux de sa tante qui, dans la même phrase, peut raconter que « les Arabes là-bas nous ont pris nos maisons » et livrer à sa nièce la recette du plat qu’elle est en train de préparer. En multipliant les plans sur le jardin, devenu refuge du vieil oncle chantant et premier lieu où s’active la tante le matin, la cinéaste en fait la synecdoque délicate de la « terre » – ce pour quoi ont lieu la plupart des guerres. (Charlotte Garson)
Nadia Shihab
Nadia Shihab, Sara Maamouri
Philip Perkins
Nadia Shihab
Nadia Shihab