ATALAKU
L’élection présidentielle de 2011 fut la deuxième élection libre seulement, depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960. Gaylor, pasteur sans-le-sou (comme une majorité des neuf millions d’habitants de Kinshasa) se métamorphose en atalaku, « crieur » en lingala. Il fait affaire avec le député le plus offrant dont il assure la publicité dans la rue et pour qui il déniche des musiciens qui composeront la chanson de sa campagne. Atalaku n’aurait sans doute pu être tourné par un non-Congolais, tant il semble faire corps avec ceux qu’il filme – le réalisateur est parfois sommé de filmer tel bourrage d’urnes, et la foule trop dense s’écarte à son passage, confusément convaincue qu’il faut un témoin. La construction du film rend compte d’un effet-domino entre l’atalaku et les relais qu’il paie à son tour – musiciens, vendeuses, danseurs… -, jusqu’au vertige puisque Gaylor, prêcheur d’un dieu bien éphémère, se voit reprocher son incapacité à tenir les promesses des autres. En choisissant de continuer à tourner deux semaines après l’élection, Hamadi ménage un épilogue en forme de sortie de l’immersion parfois violente qui fait aussi la force de son film. (Charlotte Garson)
Mutotu Productions, Walter Films
Dieudo Hamadi, Penda Houzangbe
Dieudo Hamadi
Walter Films - vincent.munie@walterfilms.com