Autoproduction
Heurts et cahots d’un tournage indépendant… Virgil Vernier suit Nicola Sornaga sur son deuxième long-métrage, Monsieur Morimoto (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs-Cannes 2008), où un japonais de soixante ans qui ne parle pas français croise la faune du quartier de Belleville. Ou comment faire un film envers et contre tout.
Le client d’une prostituée qui n’a qu’un désir, dormir, quand elle lui propose des gâteries, une nymphe qui sort d’un vase, une furie qui a son mot à dire sur l’authenticité, une jeune fille habillée en mariée pour rencontrer l’heureux élu parmi les touristes du Parvis de Notre Dame, un Japonais errant affublé d’un monumental béret basque, des passants réquisitionnés pour la figuration, des techniciens qui en veulent toujours plus, un auteur qui au nom de la liberté travaille sans argent, un cinéaste qui poursuit mille idées à la fois et que personne n’écoute, un comédien qui assassine le metteur en scène sous l’œil bienveillant de la technique et, dans ce tourbillon, André S. Labarthe fulminant contre les raccords qui n’en sont pas – le tournage du dernier film de Nicola Sornaga, Monsieur Morimoto, racontant les aventures d’un Japonais de 60 ans perdu dans Paris sans parler un mot de français, est un film en soi, burlesque et cacophonique, tout comme jadis le making of de Fitzcarraldo par Les Blank qui coûta à Werner Herzog une mémorable paire de chaussures. Mais un pari est un pari. Curieusement ici, alors que toutes les séquences carburent à l’improvisation la plus débridée, ce sont les scènes jouées qui sont les plus « vraies », les plus réalistes, alors que les séquences du tournage proprement dites (la direction des acteurs, les répétitions, le choix des figurants, le découpage des prises de vues) sont les plus surréelles.
Yann Lardeau (catalogue Cinéma du réel, 2009)
Virgil Vernier
Virgil Vernier
Virgil Vernier, Pascale Hannoyer
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