Autrement, La Molussie
Entre 1932 et 1936, Günther Stern dit Anders («Autrement ») écrit un roman antifasciste, resté inédit en français. D’une ambition presque aussi folle que lui, Nicolas Rey se propose il y a quelques années de faire un film à partir de Die Molussische Katakombe, qu’il n’a pas pu lire faute de comprendre l’allemand. Aiguillé par des amis germanophones qui lui en traduisent des fragments, il en prélève des passages qui se révèlent d’une saisissante actualité politique. Tournés sur de la pellicule 16mm périmée et projetés dans un ordre aléatoire, neufs chapitres juxtaposent à l’humour grinçant de la fable politico-philosophique la beauté lancinante de paysages nimbés de vert-de-gris. « Il faut que le son et l’image frottent, sans se tuer », affirme Rey : employés de Météo-France ou ouvriers d’une scierie de la Drôme s’invitent donc au pays imaginé pendant l’ascension au pouvoir d’Hitler. Selon l’ordre des séquences qui échoit au spectateur, leur présence finale prouvera que l’humanité a survécu à la tyrannie molussienne – ou qu’elle a au contraire été engloutie dans ce qui ressemble à une forêt inondée.
Nicolas Rey
Nicolas Rey
Nicolas Rey
Nicolas Rey