Bestiaire
Des animaux dans un zoo. Des jeunes gens qui dessinent une biche empaillée. Un atelier de taxidermiste où se réassemble ce qui fut un canard. Comment regarder un animal ? Comment le filmer ? Ni essai ni documentaire narratif, Bestiaire se présente comme un catalogue d’animaux, un album – ce qui est d’ailleurs l’une des acceptions du mot. Mais la musicalité vibratile de son montage, en raccordant l’œil des bêtes au regard humain, finit par diffracter les points de vue, par produire une égalisation mate de tous les éléments filmés. Vivants et morts, humains et animaux, employé de taxidermie et pin-up épinglée sur son mur : qui est véritablement objet du regard de l’autre ? Au fur et à mesure que le plaisir contemplatif de l’album cède le pas à une obscure inquiétude (voisine de celle des Hommes d’Ariane Michel ou du tigre dans la neige de Curling), Bestiaire dévoile sa force théorique : « ni acteur ni vecteur de narration » comme le dit Côté (1), l’animal force le cinéma à s’interroger sur la notion même de point de vue. (1) Entretien avec Alexandra Zawia
Le Fresnoy - Studio National des Arts Contemporains; Denis Côté; Metafilms
Nicolas Roy
Frédéric Cloutier
Vincent Biron