BOIS D’ARCY
« Ce pays étrange ne m’est pas étranger » : de la banlieue où il a vécu une partie de son enfance, Mehdi Benallal retient la rectitude des rues, dont la toponymie- en écho à la présence à Bois d’Arcy des Archives françaises du film – porte sans conviction les noms de Chaplin, Tati, Lang ou Von Stroheim. Si le cinéaste n’avait pas conscience, comme il le dit dans une voix off ciselée dans une colère froide, que Bois d’Arcy abritait l’une des plus grandes prisons de France, il l’a toujours ressenti confusément : dans cette zone filmée comme stérile, où seul le ciel ménage des ouvertures, il a fallu, fils d’Algérien, endurer un racisme ordinaire dont de menus signaux marquent, encore aujourd’hui, les murs, le mobilier urbain. Par-delà la sécheresse factuelle de l’inventaire et son contrepoint douloureusement personnel, c’est une image singulière qui émerge du passé : la silhouette du père qui, de très loin, s’approche des siens et les fixe sans pour autant les saluer. Prostration d’une figure familière qui peine à se détacher du fond, comme si la fixité menaçante des plans appartenait en propre à ce paysage pétrifié. (Charlotte Garson)
Mehdi Benallal, Triptyque Films
Mehdi Benallal, Elodie Royer
Mehdi Benallal
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