California Company Town
Etape ultime de la conquête de l’Ouest, la Californie incarne par excellence le rêve américain. A cette image on ne peut plus glamour des bienfaits du capitalisme, des propagandes commerciales donnent forme exaltant, en noir et blanc, la splendeur d’une nature grandiose et généreuse ou, dans des tons pastels, le confort de l’American way of life. Mais il suffit d’ouvrir les yeux pour voir le mythe s’écrouler de lui-même. Dans California Company Town la beauté naturelle de la Californie n’existe qu’en peinture. Les villes nées autour de l’exploitation des sous-sols, de la forêt ou de la terre, n’ont duré que le temps du profit. Qu’il disparaisse et la cité meurt. La ville fantôme n’est pas un accident de parcours, mais une constante de l’histoire californienne. Une nature pillée, des mines abandonnées, des usines délabrées, des maisons dévastées, des sites ravagés, des tombes éventrées à peine creusées, une terre contaminée, et, quand la terre est épuisée, l’exploitation de l’enfermement de l’homme, la spéculation sur les prisons privées, stade ultime du libéralisme, la vision de Lee Anne Schmitt tient du film d’horreur. Son périple la conduit dans des sites spectaculaires où ont été tournés La Planète des singes, Terminator II. Mais pour elle, la catastrophe n’est pas pour demain, dans un futur fantasmé : elle a déjà eu lieu. Pas de personnages dans ce film où l’avidité du capital génère le désert — juste des ombres et, en bande sonore, le flux constant des voitures. (Yann Lardeau)
Lee Anne Schmitt
Lee Anne Schmitt
Ryan Philippi
Lee Anne Schmitt
Lee Anne Schmitt