Campo
Au premier abord, la base militaire portugaise d’Alcochete apparaît paradoxalement comme un lieu de vie. Puisque des coups peuvent y être tirés, les humains n’occupent ce vaste terrain que dans des conditions très réglées, et la vie sauvage a donc tout le loisir d’y proliférer. Si des hommes en uniforme y effectuent d’étranges rituels, on y élève aussi des abeilles et des moutons, y observe le ciel, y entend mieux qu’ailleurs les orages. S’élevant au-dessus de ce lieu bien particulier, une voix quasi-céleste en ponctue la découverte, contant le destin de l’humanité depuis l’heure de sa création par des dieux en mal de divertissement. Lorsque la voix évoque le moment où les êtres humains se mirent à raconter des histoires, puis à ne plus savoir distinguer les faits de la fiction, la nature du film elle-même se trouve mise en question – il est effectivement difficile de distinguer les entraînements des soldats de scènes qui seraient jouées spécifiquement à l’intention d’une équipe de tournage. Répondant par son ampleur au sens de la démesure des êtres humains, Campo ose toucher aux plus grandes questions – l’origine, la fin, et surtout, le sens, comme dans cette scène où un amateur d’astronomie manifestement spinoziste affirme que « la seule chose qui nous distingue d’une pierre, c’est notre mobilité ». Mais les pierres mobiles que nous sommes ne cessent d’être attirées vers le lointain, et la guerre est peut-être le plus parfait symptôme d’un esprit de conquête finalement mortifère.
Olivia Cooper-Hadjian
João Matos (TERRATREME FILMES), Leonor Noivo (TERRATREME FILMES), Luisa Homem (TERRATREME FILMES), P
Tiago Hespanha, Rui Xavier, Luisa Homem, Cláudia Varejão
Eva Valiño, Adriana Bolito
Francisco Moreira, Tiago Hespanha
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