Cavalo Dinheiro
Huit ans après En avant, jeunesse !, Cavalo Dinheiro nous montre Ventura dans le bureau d’un médecin. Ses mains tremblent beaucoup, il a l’air très mal en point : inquiet, effrayé, en manque de sommeil. Au médecin qui l’interroge hors-champ – mais peut-être est-ce un policier ? –, Ventura répond de façon étrange et relativement incohérente. La décision est donc prise : le vieil homme sera hospitalisé, pour son bien. […] C’est à la fois une clinique moderne, un asile d’aliénés, une morgue, un château hanté, une colonie pénitentiaire, une tombe, un poste de police et une forteresse. Ici, l’ironie tragique, mise en relief par le pyjama rayé noir et blanc de Ventura, réside dans une inversion géographique : alors que le régime fasciste et colonialiste « Estado Novo » (1926-1974) envoyait les opposants politiques et les activistes africains dans le « camp de la mort lente » de Tarrafal, au Cap-Vert, l’Etat démocratique né après la Révolution des Œillets, enferme les Cap-Verdiens dans des établissements de santé au Portugal. « Après tout, la politique n’est-elle pas qu’une longue et sordide succession de meurtres, tortures et trahisons ? Aujourd’hui, notre chère révolution semble plus lointaine et irréelle que jamais », a récemment déclaré Costa. […] En faisant jouer le rôle du jeune Ventura par un homme de soixante ans (un casse-tête temporel déjà à l’œuvre dans En avant, jeunesse !), et en le faisant déambuler entre le Lisbonne médiéval et celui d’aujourd’hui, Cavalo Dinheiro montre assez que rien n’a vraiment changé pour lui et les siens. Il a dû continuer à travailler comme un esclave, construisant les banques et les musées des riches lisboètes pour un salaire de misère. […] À l’évidence, Costa éprouve de grands regrets par rapport à la Révolution des Œillets. Dans Cavalo Dinheiro, les espoirs déçus de sa jeunesse rencontrent ceux de l’athlétique immigré du Cap-Vert, pour se muer en cauchemars.
Michaël Guarneri (Débordements.fr, septembre 2015)
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