Dao Lu
Parti pour filmer les vieux soldats ayant pris part au Massacre de Nankin, trauma de la guerre sino-japonaise, Xu Xin a bifurqué pour s’intéresser exclusivement à l’un des vétérans. Zheng Yan, 83 ans, confère à son film une placidité qui contredit la violence de ce qu’il a traversé. À part quelques archives qui perforent son récit plutôt qu’elles ne l’illustrent, et quelques plans apaisés de la ville où il réside, la caméra s’attache surtout à capter sa parole, qui embrasse à la première personne trois-quarts de siècle d’histoire Comme pour Fengming dans le film éponyme de Wang Bing (2007), la lucidité de cet homme n’a empêché ni sa duplicité, ni les attaques du régime qu’il avait servi. Espion pour le PCC pendant l’occupation japonaise, il offre au passage un témoignage de première main sur la fabrique de la propagande, racontant comment il a rejoué la prise du palais présidentiel de 1945 pour une bande d’actualités. Mais la force de Pathway est de parvenir à montrer que la fracture profonde qui traverse sa vie coïncide avec la faille politique d’un pays tout entier. Comment ne pas voir dans son arrestation en 1949 ou dans la déportation de sa femme des cas d’école de l’autojustification de toute purge ?
Rikun Zhu
Xu Xin
Xu Xin