David and the Kingdom
David est seul en son minuscule royaume, un coin de forêt du Nord- Est de l’Amérique. Le murmure des arbres, le ciel au-dessus de sa tête, lui suffisent; et il y a les bêtes, auxquelles il réserve l’amour qu’il n’a pas su donner aux hommes, pas même à son fils. Mais son silence tourmenté, son pas lourd dans les feuillages, son visage sacrifié aux moustiques qu’il ne tue pas, disent d’emblée qu’il n’est pas seulement l’un de ces Robinson volontaires à la Thoreau, venus soulager dans les bois leur mépris de la civilisation. David est là, surtout, pour expier les crimes dont la forêt le sait coupable. Il y a des années de cela, il a tué plus d’animaux qu’il en faudrait pour remplir aujourd’hui son royaume. Des cerfs, des ours, des lynx, des loups, dont les têtes montées en trophées décorent encore sa cabane, pesant au-dessus de lui tout leur poids de pénitence. C’est un royaume d’ombres: le murmure est celui des arbres autant que des fantômes qui tournent dans sa conscience. Et le grain rêche de la vidéo, le silence à la fois pudique et inquiétant que le film laisse se déployer entre les mots rares de David, achèvent de faire de David & the kingdom une fable noire et engourdie, le négatif d’un technicolor Disney: c’est le chasseur de Bambi, condamné par un sort qu’il s’est jeté lui-même à attendre que la forêt, que les moustiques, aient bu pour faire justice sa dernière goutte de vie. A moins que ne le sauve l’amour des élans.
Jérôme Momcilovic
Woodow Travers (Heartlands Productions), Brian Paccione (Heartlands Productions)
Brian Paccione
Kyle Porter
Max Mooney
David Perlick-Molinari
Brian Paccione & Woodrow Travers, brpaccione@gmail.com