Dni budushih budd
Tourné sur pellicule entre 1988 et 1993, remonté par son réalisateur en 2015, Dni budushih budd revient de loin puisqu’il avait été interdit. Son sujet est précisément la persistance – celle du bouddhisme en Russie à l’époque soviétique. Le khambo-lama Mungko, dont le bûcher funéraire brûle au début, renaîtra maintes fois, selon la croyance. Montage et voix off suivent ce principe, ordonnant autour de cet octogénaire une fluctuation entre archives des années vingt, conversations et observation des rituels bouddhiques en Bouriatie (Sibérie orientale). « Quand la religion a été bannie », dit une institutrice, « les gens ont commencé à prier la montagne Chelsana car on ne peut interdire une montagne »… Au récit de la formation puis de la longue déportation de Mungko se surimprime donc la fin du vingtième siècle et le « bouddha futur », signification du prénom que l’institutrice a donné à son fils. Valeriy Solomin, qui équilibre à bon escient paroles du lama et pratiques des croyants, personnes et paysages, crée des échos doux mais puissants, tel cet arbre chargé de bribes de tissu qui entre en résonance avec le souvenir de Mungko empêché de prier au camp, écrivant ses prières sur des chiffons pour les disperser au vent. La forme du film, ouverte à tous les temps, place côte à côte le vieux sage dont le nom signifie « éternel », et le bouddha futur qui urine contre la montagne sacrée. (Charlotte Garson)
Valeriy Solomin
Valeriy Solomin
Alla Coverdyaeva
Victor Solomin
Kino-Siberia Film Production