En lo escondido
En lo escondido commence par le récit d’une malédiction : une femme à qui l’on suppose la cinquantaine, au milieu de la jungle, raconte comment, enfant, alors qu’elle possédait des pouvoirs, elle fut recrutée par une sorcière qui lui promit de plus grands pouvoirs encore si elle acceptait de s’accoupler au diable, et comment, ayant eu peur, elle refusa et perdit, du coup, son pouvoir de divination. Elle ne cessera par la suite d’expier son seul crime, sa bonté au sens propre du terme. Derrière la femme, la forêt colombienne dresse une muraille de végétation luxuriante où le ciel ne perce pas, dont les lianes et le feuillage se referment sur elle. Des brutalités du mari disparu aux douleurs des accouchements, du pillage de la maison par les paramilitaires et de la ruine aux menaces d’exécution, Doña Carmen s’est toujours débattue dans cette malédiction. Il arrive encore que la sorcière guette, la nuit, et il vaut mieux rester chez soi. Doña Carmen sait interpréter les bruits de la forêt, et elle sait raconter les histoires qui conjurent, peut-être, la puissance de ce qui rôde dans le noir. Le compagnon-employé de Doña Carmen, lui, peut prendre quelque distraction au village. Elle, elle ne peut que raconter, en frissonnant ou en riant, les étapes d’une survie, la fierté des enfants élevés, la résistance fragile aux forces écrasantes de ce monde ou de l’autre. (Yann Lardeau)
CBA / Centre de l'Audiovisuel à Bruxelles; VOA Asbl
Cédric Zoenen
Vincent Nouaille
Nicolás Rincón Gille