Esperando a la Virgen
Au Mexique, tous les ans, en décembre, ils sont des centaines de milliers à venir se recueillir devant leur « reine », la Vierge de Guadalupe. C’est une procession sans fin sur les routes, de piétons, de cyclistes, de 4×4 et de camions enguirlandés et drapés de l’image de la Vierge, un cheminement lent et silencieux, sous le soleil, réglé comme un ballet, avec, en contrepoint, une course de flambeaux où chaque coureur se hâte pour un rendez-vous urgent avec l’éternité. Esperando a la Virgen s’ouvre sur une citation d’Octavio Paz, selon laquelle le peuple mexicain, lassé de deux siècles d’échecs, ne vénère plus que la Loterie et la Vierge de Guadalupe. Si le pèlerinage de la Vierge de la Guadalupe donne au film sa matière visuelle et musicale, en dessous un drame invisible se déroule. La Mort joue aux dés la vie d’un homme, le narrateur et auteur présumé des images du pèlerinage. Alors que la masse des pèlerins se presse au pied de leur reine pour qu’elle leur apporte santé et fortune, le narrateur ne les accompagne que pour conjurer le départ de son amant et sa volonté de mettre fin à ses jours. Tandis que l’image et la musique conjuguent leurs forces dans un chœur mystique, le journal du cinéaste reflète ses tourments, la douleur de la séparation et l’espoir vain d’une réconciliation, le rejet de l’être aimé et le déni du départ, entre l’exaltation et le désespoir le plus noir. Son compagnon en fuite dont il avait toujours su qu’il était l’homme de sa vie, il l’avait rencontré par hasard sur une plage du Pacifique. (Yann Lardeau)
Daï Films
Nicolas Bilder; Susana Rossberg
Vincent Martorana
Vincent Martorana