Espoir-Voyage
En 1977, Joanny, le frère du réalisateur a quitté leur Burkina. Dix-huit ans plus tard, en 1994, la famille apprenait sa mort. « Un homme ne disparaît pas comme un animal ». C’est la tante du réalisateur qui parle, s’adressant à son fils Augustin, émigré en Côte d’Ivoire comme le fit jadis Joanny. La beauté de l’enquête filmée de Zongo, né en 1973, tient à une forme de modestie – celle-là même qui lui fait mettre à disposition de sa tante ou de son cousin sa caméra pour rétablir leur lien défait. Conscient de chercher un aîné qu’il a à peine connu, Zongo ne tente de soutirer aucun secret aux témoins de son passage. Il se contente de les rencontrer, comme autant de traces vivantes de l’absent. L’intimité que créent ses choix de mise en scène n’empêche pas pour autant Espoir-voyage, précieux sur l’immigration intracontinentale africaine comme sur le malentendu migratoire : la famille abandonnée prend pour de l’égoïsme le silence honteux de celui qui stagne socialement. Parti à la rencontre du frère mort, Zongo livre un portrait plus émouvant encore de son cousin vivant. « Je me bats, je me bats vraiment. Mais comme je n’ai pas réussi, je ne peux pas le prouver. »
Diam Production; Cinédoc Films
François Sculier
Moumouni Jupiter Sodré
Michel K. Zongo
Cinédoc Films