Fragments d’une révolution
Vue par le (tout) petit écran des téléphones portables de centaines de reporters amateurs, à quoi ressemble la « révolution verte » qui a, un an durant, contesté les élections de juin 2009 en Iran ? Via l’e-mail et You Tube, le, la ou les réalisateurs, Iraniens anonymes à l’étranger, reconstituent une actualité politique à laquelle leurs amis prennent part au risque de leur vie. « Pendant ces huit mois, c’est comme si j’avais vécu virtuellement à Téhéran », dit une voix off dont on voit les doigts, au clavier d’un ordinateur, sauvegarder les vidéos. En engrangeant ces images, le ou les cinéastes voient pourtant la situation comme « un grand puzzle dont des pièces ont disparu ». Car il n’est pas certain que ce média nouveau, spontané et populaire, fasse contrepoids au déséquilibre entre clandestinité obligée des manifestants et exhibitionnisme des figures autoritaires : les seuls susceptibles de montrer leur visage, ce sont les représentants du pouvoir… « mais leurs visages sont des masques ». Rapprochant les images de 1979 et celles de 2009, Fragments interroge aussi le passage d’une révolution à l’autre : « les émeutiers d’hier sont les chiens de garde d’aujourd’hui ». (Charlotte Garson)
Mille et une Films; L'Atelier documentaire
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