Ganesh Yourself
À Mumbai, un robot à l’apparence du dieu hindou Ganesh répond aux questions des fidèles pendant la fête qui lui est consacrée. Prêtre, astrologue ou activiste, quiconque le souhaite peut le piloter à distance et en prendre momentanément les traits. « Il est dit qu’un jour Lord Ganesh prendra une forme nouvelle pour absorber toutes les infortunes du monde… » Cette forme, ce Bappa (« père ») au visage-écran qui change selon le locuteur a été conçu pour le film par Emmanuel Grimaud, réalisateur mais aussi anthropologue et chercheur en robotique au CNRS. À la fois objet de foire, bouche de la vérité et interface métaphysique, le Ganesh « 3.0 » permet surtout à la parole de se libérer. D’un côté ceux qui, en occupant le siège caché, révèlent au micro leurs ambitions de pouvoir, leurs espoirs humanistes, voire leur fantasme égomane. De l’autre, enfants, passants ou fidèles très pieux qui ne sont pas les moins suspicieux devant la matérialité outrée du dieu high tech. « Dans sa forme précédente, il était bien. Là , je ne sais pas si c’est un vrai ou un faux dieu… », confie une femme. « Les gens achètent des billets pour vous voir, mais on devrait arriver devant Ganesh le cœur pur », remarque un jeune garçon… Qui est humain ? Qui est divin ? Où est la limite ? Loin de documenter la crédulité, le film retrouve au sein de l’hindouisme, ainsi radiographié fin 2014, une sorte de pari pascalien. (Charlotte Garson)
Nadia Turincev
Léo Lochmann
Arnaud Deshayes
Arnaud Deshayes
Frédéric Savoir