Haïti, le silence des chiens
Elu démocratiquement président de Haïti en décembre 1990 avec 67% des suffrages, le père Jean-Bertrand Aristide fut renversé à peine un an plus tard par le coup d’état militaire de Raoul Cedras, qui laissa 3000 morts. Contraint à l’exil, Jean-Bertrand Aristide s’installa à Washington. Pour gérer les affaires du pays, il désigna, en Haïti, un Premier ministre convenable pour tout le monde, Robert Malval. Le film, tourné en mars-avril 1994, soit avant le retour du président Aristide en Haïti, interroge la relation des deux hommes, ces deux “chefs”, un temps associés en apparence, mais que leur personnalité et leur vision du monde opposent. La caméra scrute tour à tour les deux hommes, là où chacun exerce son pouvoir : Aristide à Washington, Malval à Port-au-Prince. Chacun s’explique, se justifie ou règle ses comptes. A distance. Et le “climat” du film se nourrit du commentaire du réalisateur. Une voix off, à la fois intime et implacable, qui habite littéralement chaque plan.
Velvet Film; KS Visions; Sept Arte
C. Boigeol
Frédéric Ullman
Raphaël Mulard