Hier sprach der Preis
« Tout doit disparaître » : jamais panneau n’a été plus impérieux. Informée que la chaîne allemande de bricolage Praktiker ferme définitivement, la réalisatrice part filmer les dernières semaines du magasin sis dans sa ville natale, Bruchsal. L’une des deux caissières, Marina, arrange les fleurs près du signe « Fermé » comme elle disposerait des pots de chrysanthèmes. Nul besoin de carton explicatif puisque toute la titraille, ici, revient à Nigel, le spécialiste britannique du discount appointé spécialement. Les employés restants sont priés de couler avec le navire, pas encore déserté par des clients pour qui la fermeture est une bonne affaire de plus. Scandée par le jingle guilleret diffusé sans relâche et émaillée par les fautes d’orthographe que Nigel fait sur chaque écriteau, la comédie tient aussi à la façon dont le lieu se vide puis s’autodévore quand des ouvriers en éventrent les rayonnages – un sursaut d’action qui défie la dépression. Mais ce compte à rebours avant la fermeture dépasse la chronique cocasse. Quand « Le prix parle », la devise de la marque, devient celle de toute logique purement marchande (« Ici le prix a parlé », corrige le titre), des pans entiers de vie professionnelle disparaissent. La qualité d’écoute de Sabrina Jäger et son absence de surplomb remettent justement le « prix » à sa place. Une situation récurrente d’essais de clés sur des coffres forts soldés mais inutilisables questionne la possibilité de thésauriser sans cet apport humain. (Charlotte Garson)
Sabrina Jäger; Stephan Weiner
Sabrina Jäger
Sabrina Jäger
filmproduktion jäger/weiner