Il Caffè si beve bestemmiando
« Aux limites du monde européen » : nous sommes en Calabre, à Caulonia, village si pauvre que tous ses habitants l’ont déserté, avant que des migrants venus d’Afrique ne les réinvestissent. C’est à ce repeuplement que Luigi Brandi s’intéresse, mais à sa façon oblique et flâneuse. Deux enfants noirs, Gift et Miracolo, réinsufflent du jeu dans ce paysage abandonné. Tout commence par une énigme, posée à d’autres enfants : savent-ils ce qu’est l’omertà ? C’est quand « il y a une pensée plus forte qui fait qu’on ne parle pas »… La suite vient tenter, via un dispositif ludique entre documentaire et fiction, de briser le non-dit qui entoure l’altérité des arrivants. Jeu de carte des anciens, jeu théâtral de la troupe qui, entassée dans une Fiat 500, interprète une pastorale dans la rue et sur la plage… Il ne s’agit pas d’échapper à une situation dramatique aux confins de l’Europe, mais de puiser dans le jeu la force de se réapproprier ce territoire dévitalisé. L’écrivain Gianni Rodari flotte en esprit dans les arômes du Café : « L’imagination de l’enfant, stimulée pour inventer des mots », écrivait-il dans Grammaire de l’imagination en 1973, « appliquera ses instruments à tous les domaines de l’expérience qui provoqueront son invention créative. Les contes servent à la mathématique comme la mathématique sert aux contes. Ils servent à la poésie, à la musique, à l’utopie, à l’engagement politique ; bref, à l’homme tout entier, et pas seulement au rêveur. » (Charlotte Garson)
Elisabeth Pawlowski; Elisabeth Pawlowski; Alberto Castiglione; Film Flamme - Collectif de cinéastes; Elsa Minisini
Gianandrea Caruso; Nicola Bergamaschi; Luigi Brandi
Natura Ruiz; Olivier Blin; Silvia Brandi
Félix Albert; Roxane Billamboz; Luigi Brandi
Mathias Bourrissoux