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Invisible City

Tan Pin Pin
2007 Singapour 60 minutes indéterminé

À l’origine du film, l’idée de filmer des gens attachés à rassembler une documentation sur Singapour, des personnes attachées à la ville. Film d’amour pour Singapour, qui ne se réduit pas au cliché de ses gratte-ciel. C’est aussi, avec le portrait d’un archéologue, d’un cinéaste amateur, d’un leader étudiant photographe, trois regards particuliers, l’expression de trois subjectivités si éloignées les unes des autres que l’image homogène de la cité n’y résiste pas. L’archéologue fouille des lieux oubliés de l’après-guerre, des casinos en ruine des années 50, en quête d’objets de la vie quotidienne. Pour lui, l’histoire réelle de la cité florissante se cache sous la terre, dans ses détritus. Le cinéaste amateur, un médecin à la retraite, a filmé en 16 mm Singapour dans les années 50. Ses images sont aussi les premières images en couleur de Singapour. On y voit des sampans, des indigènes vivant au cœur de la forêt, des plages immenses, mais pas de ville. Le leader étudiant conserve des photos de la répression des manifestations contre la fermeture des écoles chinoises au début des années 60. Là  encore, la ville est peu présente : ce que l’on remarque, c’est la violence d’un affrontement interracial, la brutalité de la répression policière envers la minorité chinoise. Si Singapour s’est développée sur une abrasion de son passé, ses mémorialistes doivent lutter avec les défaillances de leur propre mémoire. Les objets trouvés par l’archéologue parlent peu. Les étudiants des années 60, échaudés, ne tiennent pas à ce qu’on rappelle cet épisode, faussé dans l’histoire officielle : le but de ces luttes, d’une certaine façon, a été atteint. Le médecin, malade, a perdu la mémoire. Ses films, muets, s’entassent dans un capharnaüm dont il a perdu la clé. (Yann Lardeau)

Production :
Point Pictures
Montage :
Inez Ang
Son :
Nigel Woodford
Photo :
Ryan Seet

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