J’ai un frère

Deux frères séparés par la guerre de Bosnie-Herzégovine, restés longtemps sans nouvelles l’un de l’autre, se retrouvent quatorze ans après leur séparation. Dražan, l’aîné, avait vingt ans quand il a quitté la Bosnie pour se faire soigner en Autriche. Musicien, il vit aujourd’hui à Marseille. Dejan, le second, de deux ans plus jeune, s’est réfugié à Bosanski Brod après la guerre, une ville industrielle à l’agonie de la République serbe de Bosnie, où il survit sans travail. Tandis que l’un galérait pour survivre en Europe occidentale, l’autre, enrôlé dans l’armée de la République serbe de Bosnie, faisait la guerre. L’un et l’autre reviennent sur ce passé doulou­reux où à la volonté de fuir et de rompre de l’un alors, de couper tous les ponts, fait écho la volonté d’oublier du second, marié aujourd’hui à une jeune femme d’origine musulmane qui masque son véritable prénom (Fatima) sous celui plus orthodoxe de Maja. Mais on n’échappe pas à son passé. Des cauchemars poussent Dražan à rechercher son frère et à lui rendre visite à Bosanski Brod. Dejan et sa tante vivent dans la peur d’un retour du conflit tant les accords de Dayton sont une paix imposée de l’extérieur et tant les parents bourrent le crâne des jeunes générations d’idées nationalistes. « Tout le monde s’espionne ici. » Mais les deux frères redoutent encore plus leur rencontre imminente. Ils ont passé près de la moitié de leur vie loin l’un de l’autre et craignent de se retrouver face à un inconnu. « Le vide est si grand qu’on ne sait où commencer…» (Yann Lardeau)