La Frontera infinita
La frontière entre le Mexique et l’Arizona monte un plateau qui s’étend à perte de vue. Les États-Unis ont entrepris de fermer cette terre de passage vers le rêve américain par un long mur de béton, un projet qui tient du délire despotique : l’infini ne s’enferme pas. Il s’enferme encore moins quand les épreuves qu’endurent les migrants avant d’arriver à ce point ultime, loin de les décourager, renforcent leur détermination. La frontière infinie n’est pas cette nouvelle grande muraille, mais les frontières intermédiaires, ces territoires immenses du Mexique que doivent traverser auparavant hommes, femmes et enfants du Salvador, du Honduras ou du Guatemala, mais les obstacles sans fin qu’ils rencontrent sur leur route en quête d’une vie meilleure. Juan Manuel Sepúlveda s’en est tenu aux haltes forcées de ces malheureux : la longue attente des trains, les cachettes dans les champs, les postes de police, les centres de rétention, les cliniques où les mutilés, victimes d’accidents, apprennent à vivre avec un ou deux membres en moins, la mort sous les balles des policiers. Ces haltes sont autant d’étapes d’un calvaire indéfiniment recommencé : on peut briser l’être humain, on ne détruit pas ses rêves. De ce chemin de croix, le train, hier emblème de quelques révolutions, est aujourd’hui une figure centrale. Une même image revient constamment : celle du paysage qui se découvre à l’avancée d’un train, toujours renouvelé, sans fin. Ce train de l’espoir ne mène nulle part. Sa seule destination est l’inconnu et la disparition. Une jeune fille au bord des rails se tord les mains : «Je suis seule, j’ai peur.» (Yann Lardeau)
Imcine Instituto Mexicano de Cinematografia; Fragua Cine
Imcine Instituto Mexicano de Cinematografia
Roberto Bolado
Armando Narváes
Victor Davila; Juan Manuel Sepúlveda