La Mort de Danton
Steve apprend le métier d’acteur au prestigieux cours Simon, à Paris. Son rôle idéal ? Gérard Depardieu dans Danton. Mais « le prof ne veut me donner de rôle que quand il y a un noir dans la pièce ! ». Alice Diop filme, plusieurs mois durant, un moment-charnière de la vie de cet acteur débutant : comment avouer à sa bande de copains de la cité des 3000 d’Aulnay-sous-Bois que depuis trois ans, il débourse trois cents euros par mois pour apprendre à jouer ? Comment parler aux jeunes filles parisiennes du cours sans « leur faire peur » ? Comment faire que son prof de théâtre, qui l’exhorte dans son bureau à ne pas « rester en bordure », lui confie des compositions plus fournies que pour Miss Daisy et son chauffeur ? Un dialogue avec une cinéaste que l’on sent proche de celui qu’elle filme s’engage à l’occasion de moments de remise en question, de doutes. Par des questions ou des conseils, Alice Diop semble aider Steve à tenir la rampe, au sens théâtral bien sûr, à ne pas abandonner même quand il ne se sent pas à sa place. En alternant les transformations de l’acteur en personnage de scène et les transformations involontaires d’un Steve déprimé au pire de sa forme, La Mort de Danton montre combien le désir d’un individu est sans cesse menacé de submersion. Mais ce récit d’une initiation difficile peut aussi être vu comme un tout autre portrait, moins jeune et moins prometteur que le talent de Steve : le portrait d’une France qui refuse toujours de voir un Danton noir. (Charlotte Garson)
Mille et une Films
Amrita David
Pascale Mons
Blaise Harrison
Mille et une Films