La Terre de Gevar
Un petit jardin dans la banlieue de Reims – loin, très loin de ses vergers de Syrie. Pendant quatre saisons, Gevar apprend à cultiver cette nouvelle terre qui ne se laisse pas faire…
Récemment installé avec sa compagne et son fils dans la banlieue de Reims, Gevar, arrivé de Syrie, a décidé d’investir dans la location d’une petite parcelle de terre pour y entretenir un potager. Avant de défricher la terre il trace des plans, imagine ce qu’il sera possible d’y voir naître et fait germer de jeunes pousses en rêvant d’un jardin fructueux. Ils sont arrivés il y a peu et il va falloir prendre racine ici, rentrer est inenvisageable. Le cinéaste Qutaiba Barhamji les filme, au cours des quatre saisons, dans leur installation sur cette terre nouvelle souvent résistante aux espérances du couple. La petite parcelle de terre est parfois plus accueillante que le reste du pays, il faut s’acclimater et s’y retrouver avec la culture, la langue, les querelles de voisinage et le regard des autres. Les fêtes s’enchaînent avec d’autres amis de Syrie pour partager les impressions d’arrivée. La danse quotidienne est quelquefois plus délicate pour ne pas se faire avoir et laisser glisser les absurdités du pays. Pendant que la terre offre ses fruits, l’enfant grandit, son français s’améliore, il corrige son père et réclame son chant d’anniversaire en français, la terre a pris. Celle cultivée s’abandonne doucement au prix d’un travail trouvé loin de Reims. Un jour, on vole des légumes dans le fond du potager, le geste est symbolique, on attaque leur petit morceau de terre, plus hostile que prévu. Les rêves de la Syrie et de sa révolution collective se sont transformés en route solitaire, en survie individuelle sur une terre nouvelle, loin d’un pays perdu qui semble être devenu un terrain infertile.
Clémence Arrivé
Karim Aitouna (hautlesmains productions)
Qutaiba Barhamji
Benoit Chabert d’Hieres, Thomas Besson
Haut les Mains Productions, thomas@hautlesmainsproductions.fr,