LA TIERRA QUIETA
Cette chronique familiale dans une communauté rurale du Nicaragua s’ouvre sur un plan surprenant – un paysage à la beauté si paisible que seule une énorme tête de statue émergeant des eaux suggère la gravité de l’inondation qui l’a dévasté. Dans le quotidien de don Sebastian, de son épouse et de leur cadet (le seul de leurs dix enfants à n’avoir pas quitté le pays), les allers et venues des volailles, le cochon à tuer ou les matchs de football télévisés tissent une temporalité cyclique, hors de l’Histoire. La énième victoire électorale des Sandinistes entendue aux nouvelles (« On a encore gagné ! », Daniel Ortega) semble participer de ce retour du même qui confine à l’absurde. Pourtant, comme l’inondation qui ouvre le film, ce fragment de vie politique dont la radio se fait le faible écho, constitue l’un des rares liens avec l’extérieur. La qualité d’écoute du réalisateur, sa patience, rendent palpable une tension dans l’immobilité même de cette famille. Une grande partie de la vitalité, des affects de Sebastian et des siens ont été eux-mêmes ravagés par la force centrifuge de l’exil. La quiétude de cette terre menace à tout moment de se figer en immobilité mortifère. (Charlotte Garson)
Rucs Collective
Patricio Bottos
Rubén Margalló
Haliam Pérez
Rucs Collective