LABERINT SEQUENCES
À Barcelone, dans le Laberint d’Horta, le film trace plusieurs parcours en quête du centre du jardin, où trône une statue du dieu Éros. En passant d’un itinéraire trompeur à un autre, la structure répétitive du labyrinthe se fissure peu à peu, et c’est un mystérieux monde sous-jacent qui inonde alors l’enceinte.
Régulièrement, les techniques de projection en relief ont cherché à secourir le regard borgne du cinéma, sans y parvenir vraiment ni jamais résoudre tout à fait cette question : quel serait le sujet, sinon le décor idéal d’un film « en 3 dimensions » ? Naturellement, Hollywood a répondu : l’espace infini des rêveries cosmiques. Godard, avec une semblable évidence, rétorquait dans Adieu au langage : le couple. Blake Williams à son tour émet une hypothèse : le labyrinthe serait ce terrain idéal. En déambulant dans les allées du Labyrinthe d’Horta, à Barcelone, Laberint Sequences oppose et fait se confondre deux structures : celle du film lui-même et celle du labyrinthe. Il est vrai que, du labyrinthe à l’image anaglyphique, court une commune illusion : la profondeur y est un leurre, tout comme le mouvement qui est le déguisement d’un surplace. La logique structuraliste et ludique de cette enquête sur la forme fait un autre honneur aux allées de cyprès du labyrinthe : celui d’y retrouver intacte la révélation qui fut celle des films de Michael Snow. Celle-ci tient dans un beau paradoxe : la structure, en dépit des apparences, est promesse de perdition. Ainsi, fidèle à la logique du labyrinthe qui feint de vous guider pour mieux vous perdre, Laberint Sequences s’achève, ayant fait un détour par les images d’une vieille série B nourrie de la même intuition, dans les limbes d’un vertigineux voyage intérieur.
Jérôme Momcilovic
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Blake Williams
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Bluemagenta Films - blake.williams@utoronto.ca