Le Bateau du père
Le Bateau du père commence par un échange de caméra entre le père et la mère de la réalisatrice pour filmer les enfants en train de batifoler dans la cour de la maison familiale, instant figé, pour l’éternité, de jeu et de joie, de complicité et d’insouciance. Quand Clémence Hébert revient, vingt ans après, sur les pas du père, littéralement, la maison si solide, si protectrice, si enveloppante, n’est plus qu’une ruine, le jardin, une jachère. De l’homme souriant à sa femme, un enfant dans les bras, il ne reste plus que des lettres désespérées à sa fille, les souvenirs de ses colères, un article de presse relatant sa mort dans l’incendie de son appartement, une urne de cendres déversée dans la mer. Aux images délavées du début fait écho une photographie granuleuse où toute la famille, enfants et petits-enfants sont réunis autour du grand-père : la scène primitive. Le non-dit dans lequel se mire l’unité familiale provoque sa désagrégation, la condamne à l’implosion. A l’inverse de la puissance destructrice des images du père, le film de Clémence Hébert exerce sur sa famille une force centripète vivifiante. Aux antipodes de la massive maison paternelle, la chambre d’hôtel miteuse dont la réalisatrice a fait son quartier général à Cherbourg, sa Black Mary, attire à elle, irrésistiblement, tous ses proches, de la mère au frère, de la sœur jumelle à la grand-mère… Enfin, le jour peut se lever. (Yann Lardeau)
Centre Vidéo de Bruxelles; WIP Wallonie image Production
Thomas Vandecasteele
Clémence Hébert
Clémence Hébert
Centre Vidéo de Bruxelles