Le Collier et la Perle
La naissance filmée par Robert Kramer (Milestones), c’est un succession de connexions et de déconnexions, de l’union de la communauté auprès de la mère à la solitude de l’accouchement, de la coupe du cordon ombilical au sein. La mort est présente, mais lointaine, dans l’affiliation au décès inaugural de la grand-mère. La naissance filmée par Mamadou Sellou Diallo, c’est un continuum avant et après l’accouchement (qui, du coup, n’est pas filmé), où la mort côtoie la vie. Non seulement du fait d’un danger réel, pour l’enfant et la mère, mais aussi en raison des transformations que subissent les corps, celui de la mère comme celui de l’enfant. En donnant vie à un autre corps, la femme perd son propre corps et le nouveau corps qu’elle reçoit porte la marque de la mort du précédent. Les massages et les soins qu’on lui prodigue modèlent ce nouveau corps selon un ordre symbolique qui fait pendant aux massages et aux soins que l’on prodigue à la petite fille pour modeler dans son corps de bébé son futur corps de femme conforme aux normes de beauté et de santé. Ce façonnage des corps par les gestes, les onguents, les parures, est l’œuvre des femmes. Le père n’y prend pas part. Mais il détient la clé symbolique de ces rituels par lesquels l’enfant entre simultanément dans la vie et dans l’humanité, et c’est ce savoir qu’il transmet à sa fille par le biais du film et de sa voix, à travers la légende de la gardienne des étoiles. (Yann Lardeau)
Ardèche Images Production; Films de l'Atelier
Joëlle Janssen
Mamadou Sellou Diallo; Jean-Guy Véran
Mamadou Sellou Diallo
Ardèche Images Production