Le Pays à l’envers
Le pays à l’envers est un travail de dentelle où images d’hier et d’aujourd’hui, vidéo, film super 8, danse et musique, territoire et lignée familiale, arts et mouvements sociaux s’enchevêtrent pour tisser une image uniforme de la Guadeloupe. En apparence, le propos est simple. Il s’agit pour Sylvaine Dampierre de retrouver ses racines, d’en transmettre l’histoire à son fils, une histoire dont elle-même, géographiquement du moins, est coupée. Tout, cependant, se complique quand il faut mettre un contenu à ces racines. « Quand on passe derrière l’horizon, on ne voit plus que la mer et le pays à l’envers. » Mais revenir n’est pas retrouver l’image à l’endroit du pays, c’est en découvrir un autre envers, parce que tout travaille, de la végétation au pouvoir esclavagiste, de l’opacité des archives à la ruine de l’industrie locale de la canne à sucre, à effacer les traces, à les disperser, à les rendre illisibles. Plus le film s’enfonce dans la quête des origines, plus il remonte le cours de l’histoire de la Guadeloupe, plus il met à jour ce travail d’effacement. Si l’esclave jadis était interdit de nom, le seul aujourd’hui à avoir gardé la mémoire de l’histoire du capital dans l’île, est un militant communiste. La Guadeloupe que filme Sylvaine Dampierre est à l’image de ses jardins d’esclaves, lotis sur des terrains ingrats et accidentés, où il faut constamment protéger ses carrés de légumes d’une nature luxuriante et vorace. Un travail de Sisyphe. (Yann Lardeau)
Atlan Films
Sophie Reiter
Myriam René
Renaud Personnaz
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