Le Reflet
« Je me suis longtemps demandé pourquoi ma grand-mère n’était jamais revenue dans son pays, la Russie, pourquoi elle avait vécu dans la nostalgie d’une terre abandonnée. C’est la guerre qui l’en avait éloignée. Emprisonnée dans un camp en Allemagne, elle avait choisi à la Libération de suivre le jeune soldat français dont elle était tombée amoureuse. » Tout commence par une photo en noir et blanc, craquelée d’un visage lumineux, celui d’une jeune femme souriant légèrement à l’objectif. Dans tout visage, il y a un paysage. Il faudra des années à Jérôme Amimer pour partir à la recherche du paysage de Russie qui se cache derrière le silence de ce visage, tenter de le recomposer. Voyage dans le temps, dans ces images des villages brûlés par les Allemands dans les souvenirs qu’en a gardés une nièce de sa grand-mère, voyage aussi dans un quotidien si différent dans les gestes de tous les jours comme dans les symboles : « La Russie est ma maison et il n’y en a pas de plus belle au monde. » Découvrir l’énigme de ce visage ne va pas sans une remise en cause de soi-même, de sa propre clôture, sans le questionnement de la part manquée qui a grandi en Russie. (Yann Lardeau)
Images Plus; Jérôme Amimer
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Jérôme Amimer