Li Fet Met
Les SAS, Sections administratives spéciales, ont été créées par l’Armée française pendant la Guerre d’Algérie pour « pacifier » les indigènes. Le jour, les SAS servaient de centres de soin et la nuit de lieux de torture pour venir à bout de la résistance algérienne. A l’Indépendance, les SAS ont été recyclées en logements pour les paysans. Quarante-six ans plus tard, à la SAS de Laperrine, anciens résistants, familles de harkis, et réfugiés fuyant les massacres du terrorisme, vivent côte à côte, dans une même misère, avec les souvenirs et les haines du passé et un rejet similaire du présent : « Nous n’avons jamais vu l’indépendance. » De la SAS aujourd’hui, il reste les deux bâtiments, la capitainerie et le « centre de soins », autour desquels se sont agglutinés les bidonvilles des laissés pour compte. Reste aussi sur la place le robinet « des Français », qui marche aléatoirement, faute d’entretien. La rue où circulaient les camions militaires n’est plus qu’un champ d’ornières, un terrain de boue sous un ciel gris. Décor sans lumière, mais qui a la vertu de rassembler autour de lui, comme sur une scène de théâtre, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, et de voir défiler ainsi un demi-siècle d’histoire, un flot de souvenirs contradictoires, le ressentiment et le courroux d’une population qui a cru en un projet de reconstruction nationale et qui s’en est vue de plus en plus exclue, la colère de combattants qui ont cru au pouvoir du peuple et l’ont vu confisqué par une caste bureaucratique, qui ont traversé les « dix années noires » du terrorisme, et qui admirent la villa en construction d’un « riche » : un émigré. (Yann Lardeau)
Play Film; Images Plus; Tribu; CRRAV Centre régional de ressources audiovisuelles de la région Nord-Pas de Calais
Andana Films
Mehmet Arikan; Christine Carrière
Nadia Bouferkas
Mehmet Arikan