Longue distance

« Etre seul, au travail, sur la route, la nuit : de cette position, bien connue des conducteurs, est née l’envie de ce film. Plusieurs rencontres avec des routiers, à Garonor, à Rouen, à Rungis, ont confirmé nos attentes : rouler la nuit est une aventure résolument cinégénique. Mais il fallait à cette aventure, pour qu’elle donne envie, une présence humaine particulièrement vivante, parce que l’isolement, la nuit, le défilement de la route, tout ici invite au repli, à l’introspection ou à l’oubli, rien au partage. Une telle présence est rare, et c’est le hasard qui nous l’a offerte. Au guichet d’une station service Carrefour, sur l’autoroute, Yves, avec de grands gestes, passait ses nerfs sur le caissier parce qu’il déteste donner son argent à la grande distribution. Ce soir-là, il n’avait pas eu le choix et il voulait que cela se sache. Un peu plus loin l’attendait Alain, lunaire, silencieux, deux cafés à la main. Deux camions qui se suivent. Deux hommes touchants et solidement liés : telle serait la matière du film, qui nous conduirait de Bordeaux jusqu’à  Paris. » (Basile Remaury)