MADERA
Un vieil homme, machette à la main, tourne soigneusement autour d’un arbre. Sa précision dans la préparation de la coupe est programmatique de la forme même de Madera : rigueur des cadrages et alternance rythmiquement juste entre contemplation et conversation. Ce sont d’ailleurs les deux activités principales d’Abelardo, qui prend soin de la nature autour de sa maison tout en écrivant ses mémoires au crayon. Nature et remémoration ne sont nullement liées abstraitement par une évidence d’un retour à la terre à la fin d’une vie, elles sont concrètement indissociables de l’histoire de cet octogénaire. Car « sa forêt », qui bruisse aujourd’hui d’orages et d’oiseaux, abritait dans ses jeunes années les troupes révolutionnaires auxquelles il a appartenu. Avec son épouse Marbelia, intarissable sur l’espérance de vie actuelle dont elle compte bien profiter, le vieil homme forme un duo presque beckettien. Si Monsieur fait la sourde oreille quand Madame parle de vivre cent vingt ans, n’est-ce pas parce que l’Histoire, qu’il retraverse dans son autobiographie, fait primer sur la durée la ponctualité d’un acte ? Pour Abelardo, seuls les arbres semblent avoir mérité leur longévité… (Charlotte Garson)
EICTV Escuela internacional de cine y tv
Amaya Villar Navascuès
Pedro Espinosa Bernal
Roman Lechapelier
Daniel Kvitko