Maïdan
Dès novembre 2013, c’est à Maïdan, place centrale de Kiev, que des citoyens de tous âges et de toutes les confessions se rassemblent pour protester contre le régime du président Ianoukovitch. Il sera contraint à la démission, fin mars. De novembre à mars, Sergeï Loznitsa a filmé Maïdan.
Chaque plan de Maïdan recèle la subjectivité – le cadre, le choix d’un point de vue à l’intérieur du lieu-titre, et la durée du plan décidée au montage – du cinéaste tout en rendant libre celle d’un regard du spectateur. Le cadre fixe ne fige pas le sens, il le met, au contraire, en mouvement, l’ouvre. Cette façon – lacunaire et fragmentaire – d’appréhender le lieu et l’événement nécessite évidemment un spectateur volontaire et actif, au travail, cheminant dans et entre ces fragments, le regard invité à une reconstruction des événements – et non à une reconstitution ou à une narration (il n’y a pas d’autre personnage que la foule). Maïdan élabore en ce sens une circulation foisonnante entre image, regard et pensée, ainsi qu’une passionnante proposition théorique quant à la représentation d’un événement en cours. Le spectateur n’est pas informé, mais son regard (s’) informe en étant placé en situation de co-présence avec des images et des sons. Impossible de déclarer à la sortie du film que l’on sait tout, il l’est tout autant de dire que l’on n’a rien vu de/à Maïdan.
Arnaud Hée, juin 2014, Critikat.com
Atoms & Void
Sergei Loznitsa, Serhiy Stefan Stetsenko, Mykhailo Yelchev
Vladimir Golovnitski
Sergei Loznitsa, Danielius Kokanauskis
ARP, dc@arpselection.eu