Maniquerville
« Je ne me suis jamais dit : “ je vais faire un film sur la vieillesse”, d’ailleurs je ne cherche jamais le sujet d’un film. Je me demande comment filmer, mais jamais quoi, ou qui. J’aime me laisser mener par une rencontre, celle d’un lieu, d’une personne… ou bien d’une situation. […] J’ignorais en envisageant ce film que le Centre [de gérontologie] allait déménager. La perte et la disparition n’étaient pas à l’origine du projet. […] Le livre essentiel pour Maniquerville c’est évidemment À la recherche du temps perdu. J’étais à Trouville lorsque je relisais un passage de la fin d’ À l’ombre des jeunes filles en fleur, au moment où le narrateur aperçoit sur la route trois arbres qui le remplissent de bonheur, des arbres qui lui sont familiers mais qu’il n’arrive pas à reconnaître. “Son esprit ayant trébuché entre quelque année lointaine et le moment présent”. Nous décidons avec Françoise Lebrun qu’elle lirait Proust en compagnie des résidents. Avec le déménagement du Centre loin de Maniquerville, on oblige des personnes à vivre, à finir de vivre sur un site qu’elles n’ont pas souhaité. De plus, ce nouveau paysage n’est en rien lié à leur histoire. Ce n’est ni la ville, ni la campagne, ni la mer, mais une zone péri-urbaine, dont le paysage se borne à des ronds-points et des parkings. » Pierre Creton (Cultiver, habiter, filmer, conversations de Pierre Creton avec Cyril Neyrat, éditions Independencia, 2010)
Capricci, Thierry Lounas
Marie Vermillard, Cyril Neyrat
Pierre Creton
Pierre Creton, Graciella Barrault
Ariane Doublet
Mickaël Barre
Françoise Lebrun, Clara Le Picard