Marguerite et le Dragon
Marguerite, c’est une petite fille filmée par ses parents, en vidéo, la chronique familiale des premiers pas d’un enfant. Le dragon, c’est, du moins dans un premier temps, la mucoviscidose qui emportera Marguerite à l’âge de six ans. Images de quiétude, d’un bonheur fugitif, de la force de l’instant, progressivement contaminées donc par la maladie, l’apprentissage sombre de la souffrance et de sa domination. Images d’une vie en fuite, cette fuite étant posée dès le départ. Mais trop bruyantes, trop vivantes pour se laisser happer par la mort. Entre les scènes de Marguerite, se glissent des plans muets d’animaux, de chiens, de chats, de moutons, de canetons, etc., des images tirées d’un film qui n’a pas vu le jour, Lamento, tournées, elles, non pas en vidéo, mais en film, en Super 8 ou en 16 mm, après la mort de Marguerite. Accolées aux images de Marguerite, elles construisent un univers à la fois merveilleux et énigmatique, un paysage de conte qui ne semble appartenir qu’à elle, comme si sa disparition programmée se muait sous nos yeux en l’avènement de ce nouveau monde. Emblème de la Chine, le dragon est un animal composite : des griffes d’aigle, un corps de serpent, des pattes de tigre, des nasaux de cheval, une tête de chameau, etc. toutes les forces animales concentrées en un seul être, pour servir l’empereur. Il y a, dans Marguerite et le dragon, un second dragon qui veille. S’il est encore une allégorie de la mort, il est aussi la figure excitante et rassurante d’un voyage. (Yann Lardeau)
Raphëlle Paupert-Borne; Jean Laube
Denis Brotto
Céline Bellanger
Raphaëlle Paupert-Borne; Jean Laube
Raphëlle Paupert-Borne