Mekkege Karai Jol
Ce portrait de Sulaiman Turdubaev, villageois kirghize, naît de l’admiration pour un geste qu’il a accompli il y a peu : les économies qu’il avait patiemment épargnées toute sa vie pour entreprendre un pèlerinage à la Mecque, cet octogénaire les a finalement consacrées à un monument communal à la mémoire des morts de la « Grande Guerre Patriotique », selon l’expression soviétique. Les cadrages justes et précis soulignent moins la dimension sacrificielle d’un tel geste que la façon qu’a cet homme de donner du sens à ce qui l’entoure. Comme il est l’un des deux derniers anciens combattants encore vivants, il nettoie les quelques marches du monument comme si cette stèle collective était celle d’un proche. Les plans tournés dans la maison des époux accueillent avec bonheur les aléas du filmage (savoureuse séquence où la lumière s’éteint). Ils allient document ethnographique et ode au temps qui passe, à l’amour qui dure. Quand monsieur confie que madame « a un an de moins que [lui] », le frémissement de flatterie qui parcourt sa compagne est capté avec le souci sensible de restituer ce que Turdubaev nomme une vie « de paix et d’harmonie ».
Tazar Cinema Company
Zhekshen Zhumashev
Dastan Zhapar uulu
Dastan Zhapar uulu
Tazar Cinema Company