METÁFORA OU A TRISTEZA VIRADA DO AVESSO
Dix ans après la mort de leur mère, un frère et une sœur correspondent. Le régime d’images intrinsèquement nostalgique et granuleux du super 8, plus proche des sens que du récit, s’offre en traduction formelle d’une trouvaille que la cinéaste et son frère ont faite à cette époque : « une boîte chinoise qui gardait l’odeur de Maman ». À partir d’un deuil intime et d’un souvenir puissant mais évanescent, c’est la « boîte chinoise » de l’Histoire que le film ouvre. Mais le Portugal révolutionnaire de 1974, celui des parents de la cinéaste, a ici pour particularité d’être frappé d’indirect. La mère a beau poser sur une photo râteau en main en pleine Réforme agraire et le père arborer sur un autre cliché la barbe cheguevarienne, les photos familiales creusent l’énigme de leur engagement. Leur témoignage à jamais impossible à recueillir, la génération née dix ans après la Révolution des Œillets se représente presque ces attributs comme fictionnels. En faisant alterner avec le super-8 un numérique extrêmement précis et piqué, Catarina Vasconcelos sépare de manière presque cruelle ceux qui à jamais bénéficient d’une sorte de patine seventies (le groupe yéyé du père que l’on jurerait issu de Tabou de Miguel Gomes) et des grands-parents qui ont survécu, vieilli, oublié peut-être. Entre deux formats, deux générations et deux villes (elle signe sa lettre de Londres), la cinéaste trouve dans une métaphore hénaurme sa façon propre de lutter contre l’oubli.
Charlotte Garson
Catarina Vasconcelos
Milton Lopes
Catarina Vasconcelos
Mike Wyeld
Catarina Vasconcelos; Margarida Rêgo; Mariana Nemer; Nuno Vasconcelos
Catarina Vasconcelos