Mètis
Une rencontre entre amis, deux sculpteurs : Vincent Barré et Richard Deacon. L’atelier se présente comme le lieu du dessin, de la fabrique de la sculpture, de la conversation, mais aussi comme le cadre imparti à la caméra. Mais c’est sans doute elle aussi, la caméra, qui commande de quitter le seul atelier où les feux d’une voiture nous aura d’abord conduit, pour s’ouvrir au chantier archaïque de la fonderie, à ses ténèbres zébrées d’incandescence. Et puis, ouverture encore, dans un mouvement à rebours, l’image filmée remonte aux sources de ses formes sculptées. Preuves par l’image de la filiation, défilent les paysages et les rites de la Méditerranée : architecture cistercienne en Provence, sites antiques grecs, processions de la semaine sainte en Sicile. Lente remontée d’une réminiscence qui s’accompagne de textes pour lui fondateurs, Empédocle et Bataille, lus par Françoise Lebrun. Et voilà que ce qui devait s’éclairer se confond, que ce qui devait guider s’éparpille. Au lieu d’informer, la forme se déforme. Ce n’est pas hasard que le nom du Stalker, inventé par Tarkovski pour le plaisir de brouiller les pistes, puisse servir ici au final d’enseigne. Jean-Pierre Rehm (FIDMarseille, 2007)
Vincent Barré, Pierre Creton