Mouhassaron mithli
« Là-bas, au bout du long tunnel, un assiégé comme moi allumera sa plaie d’une bougie pour que tu le voies secouer les ténèbres de sa cape. » Ces mots du poète Mahmoud Darwich accompagnent Farouk Mardam-Bey, éditeur syrien engagé exilé en France depuis cinquante ans. Soucieux d’accompagner de l’extérieur les évolutions politiques et culturelles des pays arabes, il fait figure de passeur entre l’Europe et le Moyen-Orient. Le dispositif du film est dévoilé d’emblée puisque l’on voit l’équipe de tournage s’affairer dans son appartement avant un dîner qu’il prépare pour ses amis. C’est dans la cuisine, lieu de mélange et de plaisir que s’ancre le portrait, ainsi délesté de toute pompe hagiographique. De même que couper des légumes s’avère propice au récit personnel, la réception des convives permet d’élargir le portrait à des points de vue pluriels, ceux d’une communauté informelle et transnationale d’intellectuels humanistes. Principalement axées sur la situation syrienne actuelle, les discussions des commensaux apportent une lueur d’espoir, certains évoquant des initiatives venues des habitants des zones libérées. En faisant précéder ces conversations d’archives où Farouk et son ami discutent des vers de Darwich, Hala Alabdalla souligne la distinction entre attachement à une culture et patriotisme. Le film aurait en effet pu s’appeler, d’un autre vers de Darwich : « La terre nous est étroite ». (Charlotte Garson)
Hala Alabdalla ; Hala Alabdalla ; Nathalie Combe
Dominique Paris
François Abdelnour
Johane Delachaire; Frédéric Goupil; Jean-Christophe Beauvallet; Fatma Cherif
Hala Alabdalla ; Hala Alabdalla