No Comment
Afghans, Irakiens, Palestiniens, Kurdes, Soudanais, six ans après la fermeture du centre de Sangatte, ils sont toujours aussi nombreux. Seulement 4 à 5% d’entre eux obtiendront le statut de réfugié en Grande- Bretagne. Les autres seront condamnés à la clandestinité. A part quelques associations de bénévoles, la population les ignore, feint de ne pas les voir. Les chaînes thématiques consacrées aux actualités ont parfois des « absences ». Des images et des sons bruts d’événements sont livrés sans explication, juste avec un encart indiquant le lieu et éventuellement la date, l’intuition étant que ces images et ces sons seuls trahissent quelque chose du réel que les mots étouffent, qu’il y a une information spécifique et précieuse dans la nature informe des matériaux. No comment procède de cet esprit. Un commentaire, il y en a bien un, mais à la manière de ces encarts, toujours sous une forme écrite : une brève présentation en introduction, une conclusion tout aussi sèche quant au sort de ces hommes, et, entre, quelques titres de chapitres, « au plus profond des broussailles », « passer ou ne pas passer », « vers les ténèbres », « Dieu nous bénisse ». L’écrit, au contraire de la voix off, tasse les mots pour que les visages de ces hommes épuisés, condamnés au froid, à la faim, à la misère, à la peur, que les pouvoirs publics s’obstinent à effacer, et qui pourtant continuent d’espérer, envahissent pleinement l’écran et que nous prenions le temps de les voir et de les entendre respirer. (Yann Lardeau)
Froggie Production
Nadine Verdier
Nathalie Loubeyre
Joel Labat
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