No escuro do cinema descalço os sapatos
« Qu’est-ce qui nous meut, qui nous fait bouger ? » Entendue dès le début du film de la part d’un danseur, la question restera en suspens. Les splendides cadrages en noir et blanc d’une cinéaste également photographe lui apporteront une réponse avant tout corporelle. À la demande du Ballet National Portugais, qui fête ses 40 ans, Cláudia Varejão filme cette troupe un an durant, avec un goût du détail qui l’incline à l’insert, à la recherche de l’abstraction. En lieu et place d’un microcosme fermé dans son exigence, nous découvrons un lieu cosmopolite, ouvert aux étrangers, alternant classique et contemporain. Une même ouverture marque le travail à l’œuvre : « la danse a la possibilité d’être ambiguë », rappelle un chorégraphe qui demande aux danseurs d’exprimer successivement des émotions contraires, entrecoupées de retours à un visage neutre. Si la chronologie mène des studios lumineux à la nuit du théâtre, le moment du spectacle n’est à l’évidence pas un point d’orgue pour Cláudia Varejão : quand arrive la représentation de L’Oiseau de feu ou de Giselle, le spectateur reconnaît sous le costume telle danseuse familière, pas un personnage archétypal. Depuis les coulisses, la cinéaste saisit surtout l’intense concentration des danseurs qui, après leur passage sur scène, observent dans l’obscurité – et peuvent peut-être, discrètement, ôter leurs chaussons. (Charlotte Garson)
João Matos
Francisco Moreira
Adriana Bolito
Cláudia Varejão
Pedro Peralta