Of Shadows
Sur le plateau de Loess, en Chine du Nord, une troupe ambulante de théâtre d’ombres voyage en mini-camionnette à trois roues, ravissant un public de vieillards et d’enfants, faisant briller de ses derniers feux une tradition narrative et musicale ancienne. Une douce familiarité s’entend dans les échanges avec la cinéaste. « Les gens courent voir une pièce, mais vous, c’est votre pièce qui court voir les gens ! » lance-t-elle à ceux qui sont parfois victimes d’une concurrence sévère (du cinéma en plein air juste à côté de leur tente) ou de coupures d’électricité. L’alternance de séquences diurnes et nocturnes infléchit bientôt la chronique vers une esthétique voisine celle de son sujet : rythme des images, touches de lumière, lignes narratives parallèles… Mais Yi Cui, comme les marionnettistes, ne prend jamais la pose « artiste ». Elle souligne plutôt le contraste outré entre ce mode de vie modeste, bon enfant et peu rémunérateur, avec les shows à vingt écrans organisés par les autorités pour promouvoir le théâtre d’ombres, trésor régional, mais surtout pour l’asservir à la propagande. Gigantesques « son et lumière » sur fond de slogans chantés, ces spectacles où la troupe ambulante récolte parfois quelques sous parlent d’une Chine où « les larges routes rendent la circulation facile ». Éclat de rire des marionnettistes, qui repartiront cahin-caha sur un boueux chemin de terre… (Charlotte Garson)
Ibidem Films
Yi Cui
Yi Cui
Yi Cui
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