Oleg y las raras artes
À l’image de ses compositions alliant consonance et dissonance, Oleg Nikolaevitch Karavaichuk ondoie dans ce portrait affectueux qui préserve sa part d’énigme. Quand l’octogénaire androgyne parcourt les couloirs du Palais de l’Ermitage pour s’asseoir au splendide piano du tsar Nicolas, ses propos sur le contraste entre les rues enneigées de Saint-Pétersbourg et la force architecturale et historique du lieu donnent le ton du film : chaque bifurcation de son discours et de sa musique y est ancrée dans une façon de ressentir intensément les textures, les matières. Ainsi Oleg conclut-il un lamento politique anti-Poutine par une mélancolie olfactive : « Pourquoi les fruits ne sentent-ils plus, au marché ? » Qu’est-ce qui, dans la Russie actuelle, ne « sent » plus, au sens également sentimental du terme ? Compositeur pour Sergueï Paradjanov et Kira Muratova, le pianiste semble parfois au bord du délire, mais il incarne surtout dans un seul et même corps les bouleversements récents de son pays. La désaffection qu’il évoque se retrouve dans des plans magnifiques de sa datcha désaffectée, à la bibliothèque presque intacte, même si un Lénine gît oublié à terre. Avec sa voix flûtée et ses métaphores souvent tactiles, l’artiste, qui semble avoir traversé les siècles, est une arche russe à lui tout seul. (Charlotte Garson)
Marta Andreu; Tania Balló
Félix Duque
Boris Alexseev
Carmen Torres
Marta Andreu