Part One: Where There Is a Joyous Mood, There a Comrade Will Appear to Share a Glass of Wine
Dans la nouvelle d’Ursula Le Guin The Shobies’ Story, des scientifiques découvrent un moyen de voyager plus vite que la lumière, mais celui-ci repose sur la suppression de la linéarité. Sans référence temporelle commune, l’équipage du vaisseau envoyé dans l’espace se trouve dans l’incapacité de communiquer, jusqu’à ce qu’un jour, quelqu’un allume un feu. Chacun se met alors à raconter ce qu’il a vécu, redonnant ainsi corps à une communauté humaine. C’est autour d’un verre qu’un groupe de personnes aux relations floues évoquent cette histoire puis discutent des liens entre l’existence du temps, l’aptitude à communiquer et finalement la possibilité d’aimer. Ils semblent en cela confirmer le propos de la nouvelle : c’est en partageant ensemble un même temps, et pas seulement un même espace, que nous pouvons rester liés à autrui. Mais le film ne cesse de s’autocommenter et semble se contredire, puisque le synchronisme des êtres s’y exprime dans une asynchronie permanente – mais d’amplitude variable – entre sons et images. Résolument non-linéaire, il fait voyager les uns par-delà les autres, revient en arrière, fait des boucles. Intérieurs nuit, extérieurs jour : les lieux et les moments se télescopent pour célébrer la possibilité de constituer, ne serait-ce que temporairement, une micro-société au sein de laquelle il serait possible de se comprendre malgré les différences – de nationalités, de générations… À cet effet, l’art semble être un support de choix. Outre la nouvelle de science-fiction, le groupe se réunit autour d’œuvres picturales mais surtout, autour de ce feu que représente le fait de créer un film ensemble.
Olivia Cooper-Hadjian
Denna Cartamkhoob (Denna Cartamkhoob )
Emma Dalesman
Adam Gutch , Philippe Ciompi
Rosalind Nashashibi, Lucy Harris
Subjective, Giedrius Puskunigis
Lux, distribution@lux.org.uk